s’Blase


La ferme du maire guillotiné

 


 

Origine de la propriété

 

Le premier propriétaire connu de s’Blase est Andres Veltin qui s’est marié le 21 mai 1665. On sait grâce à l’acte de mariage qu’Andrès était le fils d’Andres Diebolt le garde forestier du village (appelé quelquefois Andres Diebolt et quelquefois Diebold Andrès). Un autre article sera consacré à la famille Diebolt de Hohatzenheim, généalogie compliquée car il y avait deux branches de cette famille au village, toutes deux nommant un grand nombre de ses rejetons Andrès Diebold et changeant quelquefois de patronyme. D’après notre étude, la branche aînée de cette famille habitait la ferme Diebolt-Barthel, rue laugel entre s’Ruxers et s’Bayler. Quant à la branche cadette, elle habitait probablement avant la guerre de 30 ans, plus haut sur le leicht gasel, derrière la ferme de la branche aînée. Cette ferme a été abandonnée et détruite pendant la guerre et la branche cadette s’est installée après la guerre dans la maison (sans ferme) de s’Schares. Cette maison passera au fils aîné du garde forestier. Il semble qu’Andrès Diebolt le garde forestier se soit marié deux fois. Andres Diebold le jeune (né vers 1635) serait issu de ce premier mariage. Le second mariage eut lieu le 4 avril 1638 avec Barbara Schmidt, veuve de Jacob Flich de Mittelhausen. Andrès Veltin serait né de ce second mariage. Il aura peut-être obtenu la ferme s’Blase grâce à sa mère, ce qui expliquerait qu’il ait pu s’installer dès sa jeunesse comme agriculteur, alors que son père et son frère aîné n’étaient apparemment qu’artisans. Andrès Veltin hérita donc du patronyme « Andrès » de son père, mais c’est son prénom Veltin, devenu Felden, qu’il passera à ses héritiers.

 

1ère génération : Andrès VELTIN (1638-ca1695)

 

Marié le 21 mai 1665 avec Eva Wagner (1647-1715) fille de Hans Wagner d’Eckwersheim.

 

Enfants :

1) Jean (+14-10-1668)

2) Barbara (9-11-1669); mariée le 2 février 1693 avec Hanß Gurinn de Clad Guirins de Mittelhausen. Seconde noces avec Michel SEILER? de Mittelschaeffolsheim.

3) Catharina (12-12-1671-av1715)

4) 1674-75 : « dochterlein » née à Strasbourg.

4) Andreas (+24-1-1676)

5) Veltin (né 1680 ; décédé le 25-7-1680)

6) Maria Eva (1681); mariée avec Hans Blaes. Héritière de la ferme.

7) Catharina (1681-av1715) ; jumelle de Maria Eva.

8) Odilia (1683); mariée à Lorentz Lutz de Donnenheim.

9) Georg (1685) ; célibataire en 1715.

10) Diebolt (1684) ; à Gingsheim

 

Andrès Veltin devint propriétaire assez jeune puisqu’il est déjà cité comme propriétaire de s’Blase sur le terrier de 1657 :

 

« Andresen Veltin [s’Blase]

Item ein behaußung und Stall ußwendig [auswendig] der Pfarer, einseith neben dem Stiff Jungen St Peter, n.s. zum theil Martin Horneker und zum theil Hanß Geyer und den zum theil Georg Gotz; stoß hinden zum theil uf St Thomas, vornen uf die Allmend gaß»

 

Cette ferme était alors assez petite puisqu’il n’y avait qu’une habitation et une étable et qu’elle ne comprenait pas le grand jardin derrière. Il est également mentionné qu’elle était « de mémoire celle du prêtre ». Mais elle allait vite s’agrandir pour devenir enfin l’une des plus belles du village. Durant la guerre de Hollande (1672-1679) le village est envahi par les troupes autrichiennes (novembre 1674) et beaucoup de villageois se réfugient à Strasbourg, dont Andrès Veltin. Le registre des baptêmes indique qu’une petite fille lui est née durant cet exil :

 

“1674-75 : Zur Strasburg sind in werren der Kriegzeit getauft worden :

Andresen Veltin von Atzenheim ein dochterlein.”

 

Cette petite fille est sûrement décédée en jeune âge car elle n’apparait pas sur l’inventaire après décès de sa mère. Malgré sa bonne fortune d’être propriétaire d’une belle ferme très jeune, Andrès Veltin ne semble pas avoir exercé de fonction communale avant le retour du village au catholicisme en 1687. Par contre, l’acte de mariage (protestant) de sa fille en 1693 indique qu’il était alors garde forestier (Marckschöffe). Il devait alors avoir environ la cinquantaine. Andrès Veltin est décédé peu après car sa femme se remarie vers 1697 avec Hans Wolff de qui elle aurait plusieurs enfants dont deux survivrait à l’âge adulte : Maria (née vers 1698) et Nicolas (né vers 1709).

 

Héritage et religion :

La famille a perdu six enfants sur onze en jeune âge, dont notamment tous les fils aînés Jean, Andreas et Veltin. Andres a probablement voulu régler sa succession avant sa mort. Ses deux filles ainées s’étaient mariées à un protestant pour l’aînée Barbara et un catholique pour la seconde Maria-Eva. Ce fut finalement la seconde qui reçut la ferme. Il est possible que la religion joua un rôle car tous les autres enfants habiteront dans des villages catholiques. D’ailleurs à la génération suivante, Hans Blaes (qui donnera son nom à la ferme) deviendra l’un des fers de lance de la prise de pouvoir des catholiques au village.

 

Eva Wagner décède en 1715. Son inventaire du 5 avril cite son second mari Hans Wolff également décédé et « Leiterssgerichten Meyers zu Reithweiller ».

Il y aussi les héritiers survivants de Andrès Veltin :

« Barbara avec Michel SEILER? de Mittelschaeffolsheim , Maria-Eva avec Hans Blässen Hohatzenheim, Ottilia avec Lorentz Lutz de Donnenheim, Georg Veltin célibataire 30 ans, Diebold Veltin de Ginzheim »

De Hans Wolff :

« Maria 17 ans, Niclaus 6 ans »

 

Enfin l’acte nous donne une nouvelle description de la ferme :

 

« Item eine Behaußung, Scheur, Stallung, Schopf und trott, sambt einem daran gelegenen Garthen in dorff zu Hohatzenheim, obernedig der dorff Serren, einseit neben Clauß Reifstecken, anderseit Philipp Rifen Erben, zum theil neben Clauß Nußen Erben, theils Clauß Reifstecken, und zum theil dieser erbschaft selbst, vornen auf die allmendgaß und hinten aufs Liechtgasel ziehend… »

Valeur : 380R

 

Ainsi en un demi-siècle, la ferme s’est munie d’une grange, d’un pressoir avec son local et s’est agrandie d’un jardin derrière qui donne sur la Leichtgasel acheté à Saint-Thomas. L’exploitation possède aussi en propre la parcelle derrière s’Baylers qui en 1657 appartenait aux deux frères Andres Veltin et Andres Diebolt. Quand à la parcelle en amont qui appartenait à l’abbaye de Saint Pierre le jeune à Strasbourg, elle est maintenant au nom de Claus Reifsteck (s’Daniels) mais il est possible qu’il ne soit que le fermier car plus tard cette parcelle sera au nom de l’abbaye de Neuwiller. En tout, la ferme vaut 380R ce qui en fait déjà une belle propriété, une des grandes fermes du village.

 

Enfin on note que la ferme est juste au dessus des portes du village : « obernedig der dorff Serren ». Le terme Serren se réfère en général à une barrière qui devait donc être en place au niveau de l’intersection entre la rue du village et la rue des messieurs. Cette barrière est aussi mentionnée dans la description de la ferme s’Morze (terrier 1657) qui s’étendait alors jusqu’au coin de la rue des messieurs. Il est probable qu’à l’origine, durant le haut Moyen-Age il y avait là une véritable porte le long d’un mur ou remblai de fortification dont le talus en amont de la rue des Messieurs atteste encore la présence.

 

 

2e génération : Jean BLAES le vieux (ca1667-1748)

 

Marié avant mai 1696 avec Maria Eva Felden (ca1680-1739) héritière de la ferme.

 

Enfants:

Eva (ca1698-av1739)?

Caspar (ca1700-av1739)?

Jean (ca1705)

Barbara (ca1707); épouse J.Georg Freund

Catharina (ca1710); épouse Georg Meyer de Wingersheim

Susanna (ca1720); épouse Claus Lapp

Maria Eva (ca1722); se mariera avec Hanns Jacob et le 25/2/1743 avec Georg Spitzer de Wingersheim

 

Hans Blaes a du gérer la ferme dès son mariage car Andrès Veltin est décédé à la même époque (vers 1695). Sur un acte de 1705 le propriétaire de la ferme est Hans Blaes et un autre terrain est répertorié comme appartenant à “Andrès Veltin modo Hans Blaß”. Sur un acte de 1713 apparaissent le nom des deux échevins du village : Peter Freund et Hans Bläß « bede Gerichtschoffe. » C’est l’époque ou la prévôté de Hohatzenheim est encore entre les mains des Schultheiss protestants de Reitwiller malgré le changement de religion majoritaire à Hohatzenheim. Le parti catholique est alors mené par les ferme s’Schultze, s’Valdes et s’Blase. Sur un acte de 1720, Hans Bläs est même mentionné en tant que « Burgermeister und Gerichtschoffe » c'est-à-dire maire honorifique, la fonction traditionnellement offert à un catholique dans les villages protestants alors que le pouvoir effectif reste entre les mains de « Diebold Urbans des Stabhalter ». Il faudra attendre 1727-1729 pour voir la fonction suprême finalement confiée à un catholique, Claus Schneider (s’Valdes).

 

En 1739, Hans Blaes perd sa femme Maria Eva. Son inventaire du 12 mars donne une nouvelle description de la ferme :

 

« … dem stiff Neuwyler anderseit zum theil neben Erbhoff, und zum theil Veltin Braun auch zum theil Georg Haber. Vornen uff der Leichgaß und hinten auf Leichten gaßel, gibt jahrs dem stifft …

550R ad 2/3 366R

Irhe Behaußung hoff und zu gehördte sambt Weier Pferten schuff und gaschier was zinns der reebbau gehörig.»

 

Cette description est quelque peu approximative puisque devant c’est le communal et non la Leichgaß qui est derrière.

Quand aux voisins, d’un côté le grand champ en amont est maintenant à l’abbaye de Neuweyler tandis qu’en aval il y a d’après cet acte : terrain de s’Blase (erbhoff), s’schmetts (Braun) et s’Beylers (Haber). Aucune mention des propriétés Daniels et Goerg Hanß. Ce pourrait-il qu’elles aient été acquises par s’Blase ? Rien n’est moins sûr. Malheureusement on manque d’actes décrivant cette zone pour la période 1720-1750. Enfin cette description nous apprend que s’Blase avait quatre cheveux soit le même nombre que s’Schultze. D’autre part la valeur de la ferme augmente encore à 550R, solvable pour les deux tiers soit 366R comptant.

 

Hanß Blaes décède finalement en 1748. Son inventaire du 24 mai ne donne aucune description de la ferme déjà transmise à son fils lors du décès de sa femme.

 

 

3e génération : jean BLAES le jeune (ca1705-1775)

 

Marié le 16 mai 1730 avec Barbara Freund (ca1710-1770).

 

Enfants :

Barbara (ca1733) épouse Lorentz Diebold

Eva (ca1735) épouse Sebastian Vogel de Bernolsheim

Nicolas (ca1740) épouse Catharina KAPP

Brigitta (1743) épouse Michel Schallen cordonnier

Jean (ca1745) ; en 1770 célibataire cordonnier à Strasbourg.

Thomas (ca1748) ; habitera Wingersheim.

 

Cette génération raffermit l’alliance de s’Blase et s’Schultze, qui sont dès lors les deux plus puissantes familles catholiques du village : L’héritier de s’Blase, Hans Blaes se marie ainsi avec une fille Freund (Barbara) et l’héritier de s’Schultze Jean-Georg Freund se marie avec une fille s’Blase (Barbara). Jean-Georg Freund devient maire à la mort de Claus Schneider en 1739 et Hans Blaes le jeune est échevin.

 

Sa femme Barbara Freund décède en 1770. On trouve dans l’inventaire du 26 juin une description de la ferme :

 

« … dorf Hohazenheim gelegene Behausung Scheuer, stallung, garthen, welcher zum hofplaz gehörig, einseit neben dem Stiff Neuweiler anderseit ein Abwänder, vornen auf die allendgaß, hinten auf das lichtgäßel …. 750R »

 

La valeur a donc encore augmenté et atteint à présent 750R. S’Blase est dorénavant une des plus belles fermes du village avec s’Schulze, et deux ferme protestantes s’Baelers et peut-être s’Schmetts. (A cette époque on l’a vu s’Valdes a perdu de son prestige et de sa valeur du début de siècle).

 

Concernant la description des propriétés voisines, en amont on a confirmation de la propriété de l’abbaye de Neuwiller par contre en aval on est surpris de découvrir que s’Blase va jusqu’à un chemin d’accès. Il y a effectivement un petit chemin qui donne sur la Leichtgas mais celui-ci s’arrête à la propriété s’Schmetts. On est donc surpris de ne pas trouver en voisins s’schmetts, Hans et s’Daniels.

 

 

4e génération : Nicolas BLAES (ca1740-1794)

 

Marié le 10 janvier 1764 avec Catharina Kapp de Rohr (ca1740-1790)

 

Enfants :

Nicolas (ca1766)

Jean-Georg (1770)

Brigitte (1779)

Mathias (1791)

 

Nicolas Blaes sera maire de 1787 à 1792. Guillotiné en janvier 1794. Un article séparé est dédié à son destin dramatique.

 

 

5e génération : Nicolas BLAES le jeune (ca1766-1748)

 

Marié vers 1792 avec Madeleine Georg (ca1758-1837)

 

Enfants :

Marie-Catherine (ca1794)

Marie-Madeleine (ca1797)

Marie-Anne (ca1800)

Brigitte (1802)

Nicolas (ca1807)

 

6e génération : Thiébaut GUTH le vieux (1806-1858)

 

Marié le 15 janvier 1833 avec Brigitte Blaes héritière de la ferme.

 

Enfants :

Thibaut (15 avril 1837)

Pierre (6 juin 1845-9 juin 1845)

 

7e génération : Thiébaut GUTH le jeune (1837)

 

Marié à Brigitte Winckel (ca1833)

 

Enfants :

Thibaut (1863)

Joseph (1864)

Maria (1865)

Nicolas (31 oct 1868)

 

8e génération : Thibaut GUTH IIIe (1863)

 

Enfants :

- Un Fils

- Une fille : Virginie

 

 

9e Génération : GUTH - NONNENMACHER

 

Le fils Guth s’est marié avec Marie Nonnenmacher et a repris l’exploitation familiale. Mais il est décédé très jeune (vers 1937). Sa femme Marie et sa sœur Virginie se sont retrouvées seules à la ferme.

Marie a alors fait appel à son frère célibataire, Théophile Nonnenmacher pour les aider à gérer l’exploitation et de mémoire villageoise, Théophile et Marie travaillaient particulièrement dur.

 

Pendant la guerre, Théophile fut incorporé de force dans l’armée allemande. Les deux femmes étaient donc de nouveau seules. Virginie occupait les pièces vers l’avant, sur la rue alors que Marie était à l’arrière. La cuisine était commune. A la libération, l’armée américaine s’installe dans la ferme et utilise la grange pour entreposer des provisions et comme cinéclub (février-mars 1945). En 1945-47, Marie utilise un prisonnier de guerre allemand. Théophile revient finalement de la guerre et reprend sa place dans l’exploitation.

 

En 1955, l’exploitation au nom de veuve Marie Guth exploite avec des chevaux environ 10ha en propre. C’est alors que Théophile se met en tête d’acheter un tracteur. Mais les deux femmes, intraitables, refusent. Il décide alors de quitter l’exploitation. Il part du jour au lendemain pour ne jamais revenir. C’était en 1957. Après 300 ans d’exploitation, la ferme s’Blase n’éxistait plus.

 

Virginie est finalement décédée la première. Marie cède la ferme à l’une de ses nièces, Marie-Claire Jung. Dans les années 80, à la mort de Marie, la famille Jung s’installe dans la propriété. Ils élèvent quelques moutons mais il n’y a plus d’autre activité agricole.



Blase hof

Ferme s'Blase


























s'Blase 1826

s'Blase
plan 1826




















Tombe Nicolas Blaise

Tombe de Nicolas Blaise




















Blase 1914


L’inventaire après décès de Nicolas Isch en 1679
C’est le plus vieux la commune.






































Blase 1942

s'Blase
plan ca1942






















Ferme Blase 1950
s'Blase vers 1950
























Blase 1970

s'Blase
Plan ca1970