La conquête des steppes

8000 - 3500 av JC


Il y a 18.000 ans, la glaciation de Wurm atteignait son maximum. En Europe, la calotte glaciaire s’était avancée jusqu’en Angleterre, en Allemagne, en Pologne et en Russie. Au sud, une vaste zone de toundra dominait les plaines jusqu’aux confins de l’Asie repoussant la végétation jusqu’à la méditerranée et au Moyen Orient. En conséquence, les populations humaines avaient du se retirer sous des latitudes plus clémentes. A l’ouest les Hommes de Cro-Magnon (haplogroupes disparus incluant probablement le groupe F*) occupaient les régions autour des Pyrénées. Ils habitaient des grottes qu’ils décoraient de fresques de toute beauté. Un second groupe humain vivait dans les Balkans ; ces arrivants (Groupe I dont les descendants I1 et I2 sont les plus vieux groupes survivants d’Europe) étaient entrés en Europe plus récemment. Au Moyen-Orient et au sud du Caucase vivait un troisième groupe, ancêtre des peuples sémitiques et caucasiens. Enfin au Pakistan et en Afghanistan habitaient les populations du groupe R1 dont faisait alors partie nos ancêtre et les ancêtres de la plupart des Européens d’aujourd’hui.

 

Nous avons vu au chapitre précédent qu’une partie importante du groupe R1 basé dans le nord du Pakistan émigra vers le nord, probablement à la fin de la glaciation de Wurm. L’étude génétique de Myres et al nous en donne précisément la destination : il s’agit d’une petite zone au nord-est de la frontière entre le Kazahkstan et la Russie, a l’extrémité sud des monts Oural.[1] Cette région s’appelle le Bashkortostan.

 

Après le maximum glaciaire, vers 18.000 ans, le climat commença à se réchauffer et la glace à se rétracter pour disparaitre complètement du continent eurasien il  y a 12.500 ans. Durant cette évolution, les hommes suivirent la retraite des glaces prenant possession au fur et à mesure du territoire libéré. Ainsi en France, les premiers chasseurs remontèrent vers le nord il y a 15.000 ans pour occuper 2000 ans plus tard plusieurs poches du territoire français actuel jusqu’en Belgique. Dans les autres « refuges » du temps de la glaciation, l’évolution fut similaire et les hommes occupèrent progressivement des zones de plus en plus septentrionales. En ce qui concerne  l’arrivée des hommes de notre clan au Bashkortostan, celle-ci a du avoir lieu il y a environ 14.000 ans. En effet c’est à partir de cette date que la présence humaine devient conséquente dans cette région.

 

L’étude de Myres et Al indique qu’en aval de l’haplogroupe R1 (Marqueur M173), les groupes R1b (marqueur M343) et R1a (marqueur M420) étaient apparus lorsque ces hommes étaient encore dans le nord du Pakistan. En fait, en ce qui concerne le groupe r1b plusieurs marqueurs en aval de M343 à savoir P297, M269 et L23 sont aussi présents au Pakistan. Comme en ce qui concerne L23 c’est au Pakistan que la variance est la plus grande c’est bien là que le groupe est le plus ancien. On en déduit que P297, M269 et L23 sont apparus au Pakistan avec que notre clan n’émigre vers le nord. Par contre le marqueur suivant M411 n’apparait plus Pakistan. Il dut donc apparaitre après l’arrivée de ces hommes au Bashkortostan. On peut aussi noter que peu après l’apparition de L23, un sous-groupe de ce clan partit vers l’ouest, à destination de l’Iran et du Moyen Orient pour s’installer finalement dans le Caucase. Le groupe R1b1b1* (Marqueur L23/sans M412) témoigne de cet itinéraire. Quant au groupe principal de r1b (M269/L23 et M73) ils se dirigèrent vers le Bashkortostan comme le montre clairement la répartition géographique de ces marqueurs.[2]

 
Arbre genetique
Myres et Al - Arbre génétique du groupe R et de ses descendants

 


R1b
                        migration


Myres et al - La répartition des marqueurs M73, M269 et L23* (cad L23 sans M412) permet de suivre la migration des groupes humains peu après leur apparition du Pakistan vers l’Oural et le Caucase. Le groupe ouralien se déplacera ensuite vers l’Ukraine et l’Europe occidentale.


Les hommes des cavernes

 

Le dernier maximum glaciaire gagna la Sibérie il y a 18 000 à 17 000 ans c'est-à-dire près de 4000 ans après qu’il eut sévi en Europe occidentale (22,000–18,000 BP).[3] La calotte glaciaire s’avança alors jusqu’en Sibérie occidentale mais n’atteignit jamais la Sibérie orientale qui ne connut que des étendues limitées de glace, principalement sur ses chaînes montagneuses.[4] Les montagnes de l’Oural furent couvertes de glaciers, surtout dans le nord mais le reste de cette région ne fut pas recouvert de glace, bien que le climat qui y sévissait, de type polaire empêchait toute végétation de pousser. La région était donc impropre à toute occupation humaine.

 

La présence humaine dans le sud de l’Oural couvre deux périodes, avant et après la dernière glaciation. La période d’occupation préglaciaire s’échelonne de 40 000 à 20 000 ans BP environ. Il s’agit des grottes Serpievskaya 2 (25 200 BP), Smelovskaya 2 (31 000 BP, 41 000 BP et 25 000 BP), Zapovednaya (28 700 BP et 37 250 BP) et en plaine des sites de Novobelokatai (41 070 BP) et de Gornova (21 280 BP,  22 660 BP, 28 800 BP, 29 700 BP, 26 950 BP, 26 990 BP et avant 33 670 BP). Pour la période post glaciaire qui nous intéresse plus particulièrement, la période d’occupation s’étend principalement de 14 000 ans BP à 10 000 ans BP environ avec une exception plus précoce datant de 15 000 et 16 000 BP. Il s’agit des grottes Ignatievskaya (14 038 BP, 13 500 BP, 14 240 BP, 13 335 BP, et 10400 BP), Shulgan-Tash (14 680 BP et 13,930 BP), Kuljurt–Tamak (14 920 BP et 15 870 BP), Muradymovskaya 2 (non datée mais probablement même période), Zapovednaya (12 380 BP) et Bajslan–tash (13,560 BP).[5]

 

 Grottes du Bashkortostan
Grottes du Bashkortostan au sud de l'Oural



Dans la grotte Ignatievskaya on a retrouvé sur les parois des signes (points, triangles, parallélogrammes), des représentations d’animaux (mammouths, rhinocéros, chameaux, chevaux et bisons) et des créatures anthropomorphiques. On y a aussi retrouvé des outils en pierre, et des parures à base de dents de renard polaire, perles, pierres et des pièces d’ocre.  Dans celle de Shulgan-Tash on a retrouvé des résidus à base de cendres grises et d’ocre et près de 50 peintures murales d’animaux (mammouths, chevaux, rhinocéros, bisons), de créatures anthropomorphiques et de signes trapézoïdales. Il y avait aussi 193 objets en pierre, 3 outils à base de galets, 7 ornements en os, 17 perles et pendentifs, une lampe en argile et de l’ocre. A Kuljurt-Tamak dont l’occupation post-glaciaire est la plus ancienne, on a retrouvé 348 objets en pierre mais pas de peintures murales. Dans la grotte Muradymovskaya on a retrouvé 11 représentations de créatures anthropomorphiques sur les parois. Dans la grotte Zapovednaya on a retrouvé une construction unique en cranes d’ours qui représente probablement un culte de chasseurs paléolithiques.

 

 

Animaux

 

Dans toutes ces grottes les restes d’animaux retrouvés font état de la présence des espèces suivantes : Mammouths, Ours des cavernes, loups, taureaux, lapins, belettes, hermines, martres des pins, chevreuils, moutons, marmottes, castors d’Europe,  caribous, renards, et tout une série de petits rongeurs. Les restes de Rhinocéros laineux, de lions des cavernes de Renards arctiques ne furent retrouvés que dans le plus ancien des sites de Kuljurt–Tamak. Ces animaux des climats froids devaient disparaitre progressivement avec le de la glace. Néanmoins leur représentation dans les fresques rupestres témoignent qu’ils étaient bien encore contemporains du repeuplement de l’Oural.

 

 
Shulgan-Tash


Grotte
Shulgan-Tash




Le peuplement des steppes

 

Il est intéressant de noter que contrairement à la période préglaciaire, on n’a pas retrouvé après le maximum glaciaire dans cette région de restes d’occupation hors des grottes, ces dernières ne semblant avoir été occupées que jusque vers 10 000 ans BP, c'est-à-dire 8000 av JC. On en déduit donc que vers cette période, les hommes quittèrent cette région pour émigrer vers le sud, probablement pour suivre leur gibier, à savoir chevreuils, chevaux et autres type de bétail sauvage adapté aux étendues de prairies qui s’étaient formées sur les anciens sols enneigés.

 

La déglaciation avait engendré de fortes inondations dans le basin de la Volga qui produisirent une très forte montée des eaux de la mer caspienne et de la mer noire. De fait, les populations qui habitaient les grottes du sud de l’Oural et qui commençaient à descendre vers le sud le long de la Volga furent amenées en suivant la nouvelle côte du basin Kvalynéen à peupler les rives du fleuve Don puis en poussant vers l’ouest celles des fleuves Donets et Dniepr. Cette migration a du débuter vers 8000 av. JC et se poursuivre durant les siècles suivants. Les premières vagues durent appartenir au groupe R1b1b1 (marqueur L23). Elles s’établirent le plus à l’ouest autour du Dniepr et plus tard du Dniestr. Les dernières vagues restèrent aux abords de la Volga et du Don et appartenaient en majorité au group R1a. En ce qui concerne le premier groupe, l’étude de Myres et Al semble indiquer que les marqueurs en aval de L23 (M412, L11, S116 et U152) apparurent en Europe occidentale où ils semblent uniquement avoir survécu aujourd’hui ; sauf que l’étude fait mention d’une présence assez conséquente du marqueur U152 (le groupe de notre famille) parmi les Bashkirs du Bashkortostan. Il y a deux hypothèses : soit tous ses groupes sont effectivement apparus lorsque notre clan était encore dans la région, soit un petit sous-groupe de ce clan retourna dans cette région après que l’essentiel du clan ait émigré à l’ouest. Je penche pour la première hypothèse malgré la faible variance de l’échantillon, car l’émigration vers le sud-ouest du groupe R1b fut suivit par une émigration dans la même direction du groupe r1a qui occupa le terrain laissé vacant par ses prédécesseurs.

 


inondations caspiennes


carte: Paleo.org - La déglaciation qui débuta il y a 17 000 - 15 000 ans provoqua de vastes inondations au nord de la mer caspienne. Une rivière joignit même la mer caspienne et  mer noire. Lorsque les hommes du Bashkortostan quittèrent leurs grottes pour se déplacer vers le sud-ouest, il suivirent les côtes de ces mers et les cours d’eau où se trouvaient les ressources dont ils avaient besoin



Au cours des siècles suivants, les eaux se retirèrent du delta de la Volga. Mer Noire et Mer caspienne prirent leur contour définitif actuel. Les populations établies le long des fleuves de ces régions purent s’étendre vers le sud et prendre possessions des vastes étendues ainsi libérées. Ces zones seraient bientôt gagnées par des prairies et des steppes. Mais à la fin du 6e millenaire av. JC, les hommes qui n’avaient pas encore de moyens de transport, devaient rester à proximité des cours d’eau et ils n’occupaient donc encore que les rives des fleuves traversant les vastes plaines au nord de la mer noire, de l’Ukraine à l’Oural. Les plaines elles-mêmes restaient principalement vides. Les établissements les plus nombreux se trouvaient sur le Dniepr. Ces peuplades étaient alors en contact avec les établissements Cris des Balkans, d’origine anatolienne, non-indo-européenne et d’où leur arrivaient des innovations. La poterie par exemple était parvenue sur le Dniepr vers 6500 av. JC. L’économie était alors exclusivement à base de pêche, de chasse et de cueillette. L’outillage lithique était constitué de silex taillés. En fait, il n’y avait rien de bien particulier qui distinguait alors les tribus du Dniepr des autres tribus mésolithiques d’Europe. Leur destin pourtant allait prendre un tour nouveau avec l’arrivée d’une révolution : l’élevage.

 

 

Des troupeaux sur les steppes

 

Les premiers fermiers étaient arrivés en Grèce vers 6500 à 6000 av. JC. De là ils répandirent la révolution néolithique à travers toute l’Europe. De 5500 à 5000 av. JC l’agriculture était parvenue aux confins de l’Europe du Nord. Les hommes qui apportaient cette révolution appartenaient principalement au groupe génétique G2a (et peu être aussi dans une moindre mesure au groupe E1b1b) qui devint majoritaire sur tout le sud de l’Europe jusqu’au nord des Alpes. Les groupes indigènes de chasseurs cueilleurs (Groupes génétique F*, I1, I2a et I2b) connurent des destins variés. En France et en Espagne, le groupe F* allait peu à peu péricliter puis disparaître complètement. En Allemagne, le groupe I1 allait être refoulé vers le nord de l’Allemagne et la Scandinavie. Le Groupe I2b allait aussi s’établir plus au nord en Allemagne et en Pologne. Enfin le groupe I2a qui semble être le groupe prédominent des populations Cris de la culture Cucuteni-Tropolye des Balkans allait s’adapter rapidement à cette nouvelle révolution et prospérer sur une grande zone autour du delta du Danube.

 

Vers 5800 av JC, la civilisation Cris conquit le versant oriental des Carpates et les premiers fermiers apparurent avec leurs troupeaux aux frontières des Steppes, dans l’ouest de l’Ukraine. Cette zone était alors aussi la frontière linguistique entre les langues d’origine anatolienne et l’ancêtre de la langue proto-indo-européenne (PIE). Vers 5200 av. JC, l’élevage arriva sur le Dniepr et vers 4600 av JC les animaux domestiques apparurent sur l’Oural.[6] On arrivait alors à une nouvelle barrière linguistique et l’élevage ne progressa pas plus loin. Les Kazakhs restèrent des chasseurs-cueilleurs.

 

Dans les Balkans, les villages Cris étaient devenus de prospères communautés agricoles mais plus à l’est, la relative pauvreté des sols et la surface infinie des steppes fit que ce fut surtout l’élevage qui se répandit et transforma de manière irrémédiable ces sociétés auparavant plutôt pauvres et égalitaires en société tribales guerrières et hiérarchisées. En effet le bétail permettait de transformer les vastes étendues d’herbe anciennement inutiles en peaux, lait, outils, viande, bref en richesses. Cette richesse qui pouvait se compter en têtes de bétail pouvait aussi se voler. Des clans familiaux furent donc progressivement forcés de se constituer en guerriers armés pour protéger ces biens et les faire prospérer. La culture Proto-indo-européenne était née.

 

 

Le cheval

 

Alors que vers 5000 av JC la révolution néolithique se propageait d’ouest en est à travers les steppes, une autre révolution était sur le point d’apparaître, celle-ci d’est en ouest : la domestication du cheval. A cette époque, il y avait peu de chevaux sauvages sur le continent européen, sauf dans les régions des steppes où cet animal prospérait en grand nombre. Les hommes les chassaient partout pour leur viande mais cette alimentation représentait moins de 10% de l’alimentation carnée dans toutes les régions d’Europe sauf sur les steppes où ce chiffre atteignait plus de 40%. A l’est de l’Oural, les Kazakhs en étaient particulièrement friands et on a retrouvé de nombreuse fosse d’ossements d’équidés sur leur territoire. Pourtant c’est dans l’espace des steppes ponto-caspiennes entre le Danube et l’Oural, là où on domestiquait déjà le bétail ovin et bovin qu’apparaitraient les premiers signes de domestication du cheval vers 4800 av JC. A Khvalynsk sur la Volga près de Saratov, on a découvert dans des tombes sacrificielles des restes de bétail domestique (vaches, chèvres, moutons) ainsi que de chevaux, ce qui implique que cet animal était traité comme les autres animaux domestiques. Des restes de chevaux dans d’autres tombes de cette région et datant de la même période renforcent cette présomption. Tous ces sites appartiennent aux cultures Khvalynsk et Samara, portant probablement la mutation R1a qui donnera naissance à la branche orientale des Indo-européens.

 

Un peu plus tard, à l’ouest, sur le Dniepr, la culture dite de Sredny Stog (4500 à 3500 av JC) semble aussi avoir domestiqué le cheval comme l’atteste les très nombreux ossements de chevaux découverts. L’analyse de ces os montre des âges d’abattage consistant avec un élevage plutôt que des bêtes à l’état sauvage.[7] La culture de Sredny Stog, probablement porteuse de la mutation R1b représenterait la branche occidentale des proto-indo-européens (PIE), c'est-à-dire le groupe ancestral des Indo-européens qui conquerraient bientôt l’Europe.

 

Ces chevaux domestiqués étaient d’abord uniquement élevés pour leur viande mais petit à petit les hommes des steppes virent l’immense bénéfice qu’ils pouvaient tirer de cet animal comme moyen de locomotion et ils se mirent à le monter. Il faut attendre 3500 av JC pour voir les premières traces tangibles de chevaux montés : il s’agit de traces d’usure dues au mors sur les dents d’ossements d’équidés trouvées dans des sites d’occupation de la culture Botai en Asie centrale. Mais comme à la même époque des chevaux de grand gabarit apparaissent également dans la vallée du Danube, en Europe centrale et occidentale, dans le nord du Caucase et en Anatolie et étant donné les signes antérieurs de domestication dans les steppes, au centre de cette zone, il est fort à parier que c’est bien dans les steppes ponto-caspiennes que des chevaux furent montés en premier, probablement bien avant 4000 av. JC.[8]

 

 r1b-r1a

D'apres le livre de D. Anthony "The horse, the wheel and language. Anthony ne mentionne pas les haplogroupes.

 

Les cultures de la Volga : Samara et Khvalynsk

 

A l’est des steppes ponto-caspiennes on l’a vu c’est d’abord dans la région de Saratov, à environ 600km au nord de la mer Caspienne que se développa cette nouvelle civilisation centrée sur le nomadisme pastoral et le cheval. La culture dite de Samara s’épanouit dans cette région limitrophe entre les steppes du sud et les grandes forêts de l’Oural au milieu du 6e millénaire (5500-4800 avJC). Une série de sites sont connus dans la vallée de la rivière Samara (surtout Syezzheye). Ces hommes étaient très probablement majoritairement porteurs de la mutation R1a. A l’origine chasseurs-cueilleurs comme leurs ancêtres, ils vivaient surtout de la chasse aux chevaux sauvages, très nombreux dans cette zone. Vers 5000-4800 avJC, ils se convertirent à l’élevage de bovins et d’ovins puis après 4800 av JC à celui des chevaux dont on a trouvé des traces sacrificielles et des objets à leur effigie. La pratique de l’élevage qui leur vint de l’ouest, leur donna sans doute l’idée d’essayer de domestiquer l’animal le plus courant dans leur région, à savoir le cheval. C’est là l’accomplissement majeur de cette culture car ils furent probablement les premiers. Il est aussi probable que quelques siècles plus tard (après 4500 avJC ?) leurs descendants furent aussi les premiers à les monter.

 

Les poteries utilisées sur la Samara étaient assez simples, cylindriques et sans fond plat ce qui nécessitait un support pour les poser et un transport à dos d’homme ou d’animal. Les motifs décoratifs étaient liés à la symbolique solaire (vu de haut avec l’ouverture figurant le soleil). Les tombes étaient faites de fosses individuelles peu profondes, certaines recouvertes d’un petit monticule préfigurant les fameux Kurgans (Tumuli) qui seraient le trait caractéristique de leurs descendants. Les hommes de la Samara pratiquaient des sacrifices animaliers : bovins, ovins et équidés. Les sabots et la tête des animaux étaient généralement déposés sur une tombe humaine et badigeonnés d’ocre. Après leur introduction, les animaux domestiques étaient visiblement devenus très importants pour ces hommes. En matière d’armes on retrouva surtout des poignards en os ou en silex placés avec les défunts. Il y avait aussi des pointes de lances et de flèches en silex. D’autre part on retrouva des pendentifs et des figurines en os. Certaines pièces en os font penser à des mords mais ce n’est pas prouvé.

 

La culture de Samara évolua en culture de Khvalynsk, nommée d’après un site voisin (150km en aval sur la Volga) dont les tombes sont datés de 5000 à 4500 avJC. Cette culture s’étendit de l’Oural au Caucase et représente la branche orientale de la culture proto-indo-européenne. Comme leurs prédécesseurs sur la Samara, les hommes de Khvalynsk enterraient principalement leurs morts en tombes individuelles, sur le dos, les jambes repliées et surmontés de monticules de pierres. Quelquefois ils étaient badigeonnés d’ocre. Les zones sacrificielles contenaient les restes d’animaux domestiques (chevaux, vaches, moutons). La découverte à Nalchik d’un Kurgan (Tumulus) de 30m de diamètre contenant 121 individus sur le dos, jambes contractées, badigeonnés d’ocre et surmontés de pierres fit surnommer cette culture proto-kurgan en référence à leur descendants de la culture Yamna.

 

Le mobilier des tombes indique une augmentation de la disparité sociale par rapport à la période précédente. L’intensification de l’élevage résulta en l’augmentation de richesse de certains clans par rapport à d’autres. Les tombes contiennent des anneaux en cuivre venant probablement du Caucase et du sud de l’Oural. Les bijoux retrouvés comprennent aussi des bracelets et pendentifs en perles de coquillages, dents d’animaux domestiques et sauvages, défenses de sangliers et os. Les armes sont du même type que la période précédente mais d’une facture plus affinée. Il faut noter toutefois l’apparition de masses d’arme dans les tombes les plus riche, objets donc de prestige qui témoignent de l’importance croissante de l’élément guerrier de cette culture. Ces masses d’armes apparues vers 4800 avJC se voient doter « d’oreilles » vers 4500 avJC avant de prendre complètement la forme de tête de cheval vers 4200 avJC. Cette évolution traduit donc en parallèle l’importance croissante du cheval. Il est donc tentant de voir dans l’expansion de cette culture le résultat de l’émergence d’une caste de guerriers-cavaliers dont la finalité première devait être de défendre les richesses c'est-à-dire les troupeaux des différents clans de la région. C’est à la fin de la période culturelle de Khvalynsk et au début de la suivante vers 4500 avJC que ce développa vraiment la culture et la langue Proto-Indo-Européenne.

 

 

Les cultures du Dniepr: Dniepr-Donets et Sredny Stog

 

La culture Dniepr-Donets qui fleurit sur le Dniepr au 5e millénaire avJC tira son origine comme pour la culture de Samara de chasseurs-cueilleurs vivant principalement de la chasse et de la pêche à la frontière entre les forêts et la steppe. Ils donneraient naissance à la branche occidentale de la culture Proto-Indo-Européenne. Cette culture portait très probablement le gène R1b qui se répendrait quelques millénaires plus tard à travers toute l’Europe de l’ouest. A partir de 5200 avJC l’élevage venant des cultures d’agriculteurs des Balkans (Cucutaniet Tripolaye) arriva sur le Dniepr et à partir de là allait se généraliser sur tout l’espace des steppes ponto-caspiennes jusqu’à l’Oural qu’il gagna vers 4600 avJC. Comme pour la culture de Samara, la culture du Dniepr allait évoluer en une culture centrée sur le pastoralisme et le culte du cheval.

 

L’inhumation était pratiquée en groupes dans des fosses avec les corps couverts d’ocre rouge. Des similarités ont été observées avec les cultures de la Volga. Le style de poterie est assez simple, circulaire à base en pointe. Des bijoux en pierre, os, coquillages et quelque fois en cuivre ont aussi été découvert. Les armes comprenaient des pointes de lances et flèches, des haches, couteaux et grattoirs en silex.

 

Cette culture evolua vers 4500 avJC en une culture plus élaborée dite de Sredny Stog d’après le nom d’un village Ukrainien. Le site le mieux connu de cette culture est le site de Dereivka où on a mis en évidence vers 4200 avJC des signes de domestication du cheval (âge d’abatage des chevaux autour de 6-7 ans ce qui est consistent avec un site romain et différent des fosses laissées par les chasseurs de chevaux sauvages où l’âge d’abattage est plus varié de 2 à 7 ans). Il y avait aussi des os de bovins, ovins et cochons mais les plus nombreux étaient de loin ceux de chevaux.

 

Les tombes consistent en fosses mais sans tumulus ou alors de très faible hauteur. Comme sur la Volga, les morts étaient placés sur le dos avec les jambes repliées et les corps étaient recouverts d’ocre. Le mobilier est consistant avec la période précédente avec des poteries circulaires en pointe à motifs très simples d’impressions de frises perlées, et des pointes d’os perforées qui pourraient être des mords pour chevaux. On note aussi parmi les restes d’armes en os et en silex des masses d’arme à forme cruciforme.

 

Vers 4200 av JC des tribus nomades apparaissent brusquement dans la région du delta du Danube. Appelée Suvurovo, les traditions de cette culture semblent fortement inspirées des Stredny-Stog du Dniepr et c’est donc probablement de là qu’ils venaient. Comme d’autre part les tombes de ces populations contenaient des masses d’arme à tête de cheval, la présomption est forte que ces tribus étaient conduites par une caste de guerriers à cheval qui se seraient lancés avec leurs troupeaux à la conquête de territoires plus hospitaliers à la suite du refroidissement qui affecta la région des steppes à cette période. On note aussi à la même période l’apparition de masses d’armes similaires parmi les populations riveraines d’agriculteurs alors que ces cultures avaient très peu de chevaux. Là encore les experts y voient un signe de l’effet que produisit l’apparition de cavaliers dans cette région : le cheval était visiblement considéré par tous comme un animal portant avec lui une grande puissance. Peu après l’arrivée des hommes de Suvurovo les couches archéologiques montrent que les grands villages Cucuteni et Tripolye furent détruits et brûlés et les mines de cuivre abandonnés dans toute la région du bas Danube. Ils ne furent remplacés par aucun autre type d’habitat sédentaire mais on trouva d’immenses Kurgan (Tumuli de 13m de diamètre) contenant les défunts des hommes de Suvurovo qui n’avaient visiblement pas repris l’existence sédentaire de leurs prédécesseurs. Les morts était couchés avec les jambes repliées, la tête vers l’est et recouverts d’ocre rouge, avec parois aussi de la craie blanche et de charbon de bois noir. Les morts étaient accompagnés de masses d’arme à tête de cheval, de haches en pierre, de coquillages, bijoux en cuivre et en or, et des lames et pointes de silex. La culture Proto-Indo-Européenne (PIE) était sur le point d’atteindre sa maturité et on était entré au tout début de son expansion qui s’étendrait finalement de l’Atlantique aux confins de L’Inde.

 

 

La langue proto-indo-européenne (PIE)

 

La culture PIE est difficile à cerner et à étudier précisément parce qu’elle est basée sur un mode de vie nomade ne laissant par définition aucune trace d’établissement sédentaires. Il n’est donc pas surprenant si les premières informations qu’on trouva sur cette culture furent rassemblées en dehors du domaine archéologique. Curieusement, ce furent les linguistes qui suspectèrent dès le 18e siècle l’existence d’une culture originelle qui parlait un langage dont semblaient descendre un grand nombre de langues modernes parlées de l’atlantique au Gange. En effet les similitudes observées entre les structures grammaticales et les racines de nombreux mots parmi toutes ces langues ne pouvaient être le fruit du hasard. Après avoir identifiés certains des mécanismes qui faisaient varier les sons, les linguistes s’appliquèrent alors à comparer les variations des mots des langues en question et à tenter de reconstituer le cœur du langage originel à partir des formes observées dans les langues modernes. (Par convention on fait précéder les mots ainsi reconstitués d’un astérix). L’arbre linguistique PIE reconstitué contient les branches suivantes à l’ouest : anatolien, germanique, celtique, italique, balto-slave, et helléniste et à l’est tocharien et indo-iranien. Dans son livre « The Horse, the wheel and language » David Anthony note également que cette langue originelle PIE contient davantage de similitudes avec le groupe des langues ouraliennes qu’avec celui des langues caucasiennes ou sémitiques. C’est donc bien de l’Oural que venaient originellement les hommes des steppes. On constate également que les branches occidentales de l’arbre PIE sont génétiquement à majorité R1b alors que les branches orientale sont à majorité porteur des marqueurs R1a. La langue PIE était donc bien commune à ces deux groupes qui s’étendaient alors du Dniepr à la Volga.


 PIE tree


Les langues "filles" du PIE orginal. Il manque sur cet arbre la branche anatolienne, la premiere a quitter le berceau PIE vers 4000 av JC


Une fois que les mécanismes d’évolution linguistiques furent établis, au fil des années, les scientifiques allongèrent la liste des mots reconstitués de PIE. Toutefois il était évident dès le début de ce processus que les mots qui avaient des liens avec toutes ces langues et qui donc remontaient aux origines PIE avaient des caractéristiques assez précises:

 

- Elevage et animaux domestiques comprenant vaches, chevaux et chiens :

Le cheval : *Ekwos (latin equus),et la vache : *gwous en jouaient le rôle central.

- Agriculture et culture des céréales, labours.

- Climat avec des hivers enneigés

- Transports sur l’eau

- Un dieu des cieux, « dyeus phater », (grec Zeus pater, latin Jupiter, illyrien Deipaturos)

- Une poésie mytologique et héroïque utilisant des phrases comme « renommée éternelle » « mer sombre comme le vin » et faisant l’apologie de héros individuels plutôt que d’un peuple ou d’une armée.

- Une société patriarcale basée des clans liés par les relations familiales entre hommes.

- Le centre de la richesse et de la vie économique de cette société était basée sur le nombre de tête de bétail : *pekus (latin : pecunia).

- Il y avait une caste de prêtres pour administrer les rites et plusieurs des sociétés qui en découlèrent diviseront leur société en trois castes : prêtres, guerriers et paysans. A l’origine, la classe des guerriers était probablement constituée des jeunes gens célibataires et leur rite d’initiation était symbolisé par le loup ou le chien.

 

 

Transition

 

Il également intéressant de constater que ce vocabulaire contenait aussi des éléments en transition, à savoir des mots liés au tissage de la laine et à la mise au point de chariots notamment des carrioles à roues pleines mais pas encore de chariot avec des roues rayons. En effet, comme nous le verrons, ces éléments communs sont présents dans la plupart des langues dérivées sauf dans le groupe anatolien qui est le premier groupe à quitter l’espace ponto-caspien vers 4000 av JC. Or le tissage de la laine et l’apparition des premières carrioles date justement de la période 4000 -3500 av JC.[9]

 

yamna
Wikipedia - objets de la culture Yamna - 4e millenaire av JC



La mythologie PIE

 

Les linguistes ont également pu mettre en évidence des éléments communs entre les mythes des différentes cultures étudiées. Ces similitudes font apparaitre l’existence d’un mythe originel qui devait régir la religion du peuple PIE. Le fil conducteur de ce mythe est le suivant :

 

« Au commencement il y avait deux frères, Manu et Yemo, qui voyageaient avec une vache sacrée. Les jumeaux décidèrent de créer un nouveau monde pour une nouvelle race appelée « humanité ». Pour y parvenir, Yemo dut être sacrifié et dépecé par son frère avec l’aide des dieux du ciel pour produire l’humanité. Manu créa la terre, l’eau, l’air et le feu et devint le premier prêtre du nouvel ordre mondial.

 

Une fois que le monde eut été créé, les dieux du ciel donnèrent le bétail à Trito, le troisième homme. Mais le bétail fut volé par un serpent à trois têtes. Trito se rendit alors dans caverne montagneuse du monstre et le tua avec l’aide du dieu de la foudre libérant ainsi le bétail. Trito devint le premier guerrier. »

 

 

Tous les peuples qui parlent une langue indo-européenne (Germaniques, celtiques, latins, grecs, hittites, iraniens, hindous) développèrent une version de ce mythe fondateur. Manu est le Manu indien ou Mannus germanique. Yemo devint Ymir dans la mythologie scandinave. Le thème des jumeaux est également présent dans un grand nombre de mythologies comme la mythologie grec, romaine ou celtique. On note aussi la place prépondérante du bétail dans le mythe fondateur. C’est par lui que les évènements s’enchainent, lui qui devient l’enjeu des actes des hommes et encore lui qui donne naissance à la caste des guerriers dont la finalité est de protéger le bétail. Dans les cultures indo-iraniennes, le taureau et la vache devinrent un animal sacré en étroite proximité avec les dieux (indouisme et zoroastrisme).

 

Tous les éléments convergent donc pour indiquer que vers 4000 avJC se met en place dans les steppes ponto-caspiennes une culture nomade basée sur une économie pastorale et une caste de guerriers à cheval. Avec l’invention du chariot à 4 roues tiré par des bœufs ou des chevaux, ces hommes étaient très mobiles et pouvaient se déplacer sur de longues distances. Les indices pointent clairement entre des contacts étroits entre la branche orientale de cette culture autour de la Volga et la branche occidentale autour du Dniepr. Contrairement aux agriculteurs établis dans les Balkans, les PIE ne dépendaient pas du temps et de la nécessité de bonnes récoltes. Avec leurs animaux ils pouvaient même survivre aisément sur des terres plus pauvres. Avec l’invention du tissage, le bétail fournissait l’ensemble de leur besoins en quantité. D’autre part le chariot augmentait encore leur mobilité : ils pouvaient transporter des provisions et de l’eau sur de grandes distances. Le cheval leur donnait de plus un atout militaire irrésistible. Les Indo-Européens allaient obtenir un avantage de plus avec l’arrivée des premières armes en bronze vers 3300 avJC (le bronze apparut dans le Caucase vers 3700-3500 avJC et en Europe seulement vers 2400-2200 avJC). Ces armes allaient affermir davantage la caste des guerriers qui constituait l’élite de cette société qui était donc fin prête à se lancer à la conquête du monde connu.

 

A partir de 4000 avJC la culture PIE apparaît donc comme une société bien structurée, en plaine croissance grâce à un mode de vie révolutionnaire basé sur le nomadisme pastoral et le cheval. Pourtant malgré tous les avantages déjà énumérés capable de préparer sa suprématie sur les peuples d’agriculteurs d’Eurasie, l’avantage qui allait s’avérer prédominent concerne une mutation particulière parmi ces peuples qui allait grâce à eux s’imposer et s’étendre à toute l’Europe.

 

 

Le lait

 

Vers le milieu du 5e millénaire av. JC , les cultures Proto-Indo-Européennes qui se développaient dans les steppes d’Ukraine étaient en train de bâtir une civilisation tout à fait originale basée sur une économie exclusivement pastorale et nomade dont le pouvoir venait directement du bétail qui convertissait les immenses étendues d’herbe à disposition en biens matériels et du cheval qui permettait de se mouvoir rapidement et de surveiller un plus grand nombre de tête de bétail. L’analyse des squelettes retrouvés montre que l’agriculture jouait un rôle très faible dans ces tribus (pas de carries) que ces hommes nourris essentiellement à la viande étaient très grands et robustes mais que leurs enfants étaient aussi plus susceptibles d’être atteints d’anémie du fait de déficience en fer. Cette caractéristique semble être la conséquence d’une alimentation trop riche en produits laitiers et d’un taux anormalement élevé en parasites typiques d’une population ayant des contacts rapprochés avec des animaux. Mais ces éléments allaient bientôt s’avérer être un avantage : en effet les chercheurs pensent aujourd’hui que c’est parmi ces hommes qu’apparut la mutation qui permet aux organismes adultes de digérer le lait. En effet cette particularité est propre aux peuples d’Europe et à quelques peuples africains isolés. La majeure partie des autres peuples ne peuvent pas digérer le lait lorsqu’ils atteignent l’âge adulte. Or, une étude récente montre que cette mutation qui permet aux adultes de digérer le lait n’était pas présente chez les peuples néolithiques qui vivaient en Europe vers 5000 av JC. On en déduit que cette mutation arriva donc en Europe après cette date et qu’elle allait s’imposer à tout le continent. Or, après cette date il n’y eut qu’une seule invasion de grande ampleur en Europe : celle des peuples indo-européens du 4e et 3e millénaire av JC. Or il se trouve que cette mutation est particulièrement présente dans les zones où domines les deux marqueurs PIE : R1a et R1b. D’après les dernières recherches, cette mutation serait apparue dans les steppes ponto-caspiennes entre 4600 et 2800 av JC. Elle offrait un avantage certain en période de disette en fournissant un aliment supplémentaire riche en protéines. Elle se serait donc rapidement répandue à l’ensemble de la population des steppes puis au-delà au gré de l’expansion PIE.

 

Au courant du 4e millénaire av JC, les peuples indo-européens étaient donc murs pour sortir de leur berceau de steppes et s’élancer vers de nouveaux horizons. Alors que la branche occidentale de ce peuple dont faisait partie notre famille allait remonter les fleuves d’Europe centrale (Danube, Dniestr, Dniepr) la branche orientale allait repartir vers l’est, à rebourg, sur le chemin qu’avaient emprunté leurs ancêtres, pour gagner l’Oural et de là l’Asie centrale, le plateau iranien et l’Inde. C’est le sujet du chapitre suivant.

 

 



[1] “A major Y-chromosome haplogroup R1b Holocene era founder effect in Central and Western Europe” Natalie M Myres et al.

[2] On s’attend à ce que la variance de L23* parmi les Bashkirs sont plus importante qu’en Europe. Or il n’en est rien. C’est même la plus faible. Cela est probablement du au nombre restreint de la population qui resta sur place après l’émigration du clan vers le sud-ouest après 8000 av JC. Le fait que la langue PIE que parlera ce clan quelques millénaires plus tard soit plus proche des langues ouraliennes que des langues caucasiennes, montre bien que les PIE venaient de l’Oural et non du Caucase (cf D. Anthony : « The horse the wheel, and language »)

[3] Les datations anciennes réalisées par comptage du carbone 14 résiduel est exprimée en années BP, « Before Present », le présent étant défini arbitrairement à partir de l’année 1950. Approximativement, 10 000 ans BP correspond à 10 000 ans avant le présent soit 8000 ans av JC.

[4] Wikipedia: “Last glacial period”

[5] “A review of biostratigraphical investigations of palaeolithic localities in the Southern Urals region” Guzel Danukalova , Anatoly Yakovlev, Institute of Geology, Ufa Scientific Centre, Russian Academy of Sciences, 2006.

[6] David Anthony “the horse, the wheel and language”  p174. La plupart des éléments ayant trait à l’émergence de la culture Proto-Indo-Européenne (PIE) vient de ce livre.

[7] Cf David Anthony qui a fait une étude très poussée sur ce sujet.

[8] Cf D. Anthony.

[9] D. Anthony explique dans le détail tous ces mécanismes linguistiques.

Cavaliers scythes
cavaliers scythes - descendants des premiers cavaliers des steppes ponto-caspiennes







Tree line

Lors du dernier maximum glaciaire les poches d’occupation humaine s’étaient repliées au sud de la ligne de végétation




















































Shulgan-Tash

Grotte Shulgan-Tash


































Shulgan-Tash

Grotte Shulgan-Tash



































































































Betail

Reproduction de bétail préhistorique dans une grotte du sahara. Par Thomas Baker








Scythe

    Russie du sud
    Statue scythe c.500-300 av JC



steppes

Economie pastorale dans les steppes d'Asie centrale
























































































masse

Masse d’arme à tête de cheval retrouvée dans les Balkans









































































































































sacred
                  cow

Vache sacree dans la mythologie indienne




























PIE
                  conquest

Expansion Indo-Européenne

A partir du 3e millénaire av. JC