s’Ruxers


10 rue Laugel

 



 

Cette ferme se trouve aujourd’hui au 10 rue Laugel.

 

 

1ère Generation : Nicolas ISCH (né vers 1639-26 mai 1679)

 

Marié le 20 nov 1660 avec Anna SCHMITT fille de Andreas de Mittelhausen. Andreas Schmitt est peut-être le frère de George Schmitt régisseur du château de Mittelhausen et maire de Hohatzenheim.

 

Enfants :

Pierre (1/9/61)

Maria (22/1/63)

Anna (7/6/66)

Aurelia (11/5/68) à Mittelhausen

Margareta (13/10/69)

Barbara (28/9/71)

Andreas (25/3/75)

Ottilia (1678)

Philipp (3/11/78)

 

Nicolas Isch est le plus ancien propriétaire connu de la ferme s’Ruxers. Il est originaire de Suisse. Son père, Peter Isch était charpentier (Zimmermann) à Oberwil en suisse (d’après l’acte de mariage). Il y a plusieurs Oberwil en Suisse : près de Bâle (le plus probable), Oberwil in Simmerthal dans le canton de Berne, Oberwil bei Zug, près du lac de Zurich et Oberwil-Lieli dans le canton d’Aargau. Nicolas, lui-même charpentier, fut attiré en Alsace par la forte demande de ce type de métiers après la guerre et les avantages consentis par les autorités pour favoriser l’immigration. C’est peut-être lui qui construisit la maison. En tout cas, sa petite ferme est présente sur le terrier de 1657 :

 

« Niclauß Isch

Item eine behausung, scheur, stall und garten unden in der Ruwelsgassen, einseit neben dem brand garten, beim Lienharts Michel dem Schultheissen gehorig, n.s. neben Diebolts Andresen, Stost hinden uf dass Stifft Jungen St Peter Garthen vornen uf das allmendt »

 

« Nicolas Isch

Une habitation, grange, étable et jardin dans la Ruwelsgas (rue Laugel), d’un côté près du Brandgarten, appartenant au maire [de Mittelhausen] Michel Lienharts, de l’autre Diebolts Andres, derrière le jardin de l’abbaye St Pierre le jeune et devant le communal. »

 

Le nom de Brandgarten vient peut-être des destructions que subit cette zone durant la guerre. Nicolas Isch aurait alors pu récupérer une ferme en ruine et la reconstruire. La présence d’une étable signifie qu’il y avait des animaux. Pourtant, dès l’origine, Ie gérant de s’Ruxers avait un métier artisanal et la ferme ne représentait donc qu’un appoint.

 

Isch est décédé en 1679. C’est le premier inventaire après décès de Hohatzenheim. Sa veuve Anna Schmitt y est présente en compagnie de Lorentz Clauss. On retrouve la description de la ferme :

 

« item ein hoffreith darouf ein Haußlein gebauren mit einem daran habenden baum gartten in dorf Hohatzenheim in der Raugelsgaßen, die einseit neben den Brandgarten, Hanß Georg Schmit dem Schultzen gehörig, die anderseit neben diebolts Andresen, stost oben uf daß Stift zum Jungen St Peters in Strasburg gut ist ein garten, und unden uffs allmend. »

Valeur : 80R

 

On y apprend que le Brandgarten est passé à la famille Schmitt, par mariage donc (cf article sur la ferme s’Baelers) et qu’en amont se trouve toujours un terrain de St. Pierre le jeune. La ferme de Nicolas Isch est estimee a 80R, un prix moyen pour cette epoque. En se basant sur les données disponibles pour Hohatzenheim (notamment la ferme voisine des Diebold d’une valeur comparable), on peut estimer que ce prix était quasiment inchangé par rapport à sa valeur de 1650. En 1679 en effet, on vient juste de sortir d’une décennie de guerre, celle de succession de Hollande, tout aussi dévastatrice que la guerre de Trente ans. Les armées étaient passées plusieurs fois dans la région et en octobre 1674, l’armée Autrichienne s’était même postée sur la hauteur de Gimbrett (cf article sur la guerre de Hollande dans le Kochersberg). Les registres paroissiaux témoignent qu’à cette époque la majeure partie de la population du village avait fuit à Strasbourg. A leur retour, les villageois durent donc trouver leurs fermes dans un état similaire à ce qu’il restait après la guerre de trente ans.

 

Pour la famille Isch, le décès du père à un âge relativement jeune (vers 40ans) annonçait des temps difficiles. L’ainé Pierre n’avait que 18 ans et les autres enfants susceptibles de travailler étaient des filles. La famille dut vivre un temps d’expédients c'est-à-dire de travaux journaliers et de filage.

 

 

2e Génération : Lorentz JACOB (ca1670-ap1733)

 

Serait né vers 1670 à Gingsheim [d’Après MGH]. Mais il est aussi possible qu’il était originaire de Hohatzenheim car une famille Jacob y est présente dans les année 1640-50 mais sans maison sur le terrier de 1657.

Marié vers 1693 avec Anna ISCH (7/6/1666-19/2/1733), fille de Nicolas Isch et héritière de la ferme.

 

Une autre Anna Isch (sa sœur) née le 26.6.1664 se serait mariée avec le voisin Diebold Andres ( INV 16/5/1705) [à vérifier].

 

Enfants :

Laurent (1694) Ensuite à Gugenheim ?

Maria (1696)

Jean (1698)

Jacob (1700)

Anna (1703)

 

Lorentz Jacob gère donc la ferme à partir des années 1690. Il était probablement lui aussi artisan car la ferme ne possédait pas les terres suffisantes pour vivre de l’agriculture. Sa femme décède en 1733 [Inventaire après décès du 19 février]. L’acte notarié est signé en présence du veuf ainsi que de sa fille Maria avec son mari. On y retrouve la description de la ferme qui vaut maintenant 300R :

 

« Eine Behausung, scheuer, Stall und Garthen im dorff allhier einseith neben Jacob Diebolt anderseith Hannß bilgers oben Stiff Guth zum Jungen St Peter in Straßburg unten uff allmend ad 2/3 200R”

 

Les voisins sont les mêmes. Concernant la valeur de la ferme, celle-ci se voit multipliée par près de quatre fois la valeur de 1679 (3.75 fois exactement) ce qui est consistent avec les autres propriétés du village. En ce début de XVIIIe siècle, enfin débarrassée des guerres sur son sol, l’Alsace connait une forte croissance économique qui se répercute donc sur le prix de l’immobilier et du foncier. On note aussi qu’à partir des années 1720 les actes mentionnent deux prix : le prix total résultant de l’estimation du bien et une valeur limitée à 2/3 de ce prix appelée « Auswurf » et qui correspond probablement à une valeur comptant (ou équivalant cash).

 

 

3e Génération: Mathias RUXER le vieux (1696 – av1742)

 

Serait né le 15 février 1696 à Mittelschaeffolsheim

Marié 14 mai 1718 avec avec Maria Jacob (ca1696 – 12/7/1751), fille de Lorentz Jacob et héritière de la ferme s’Ruxers [INV de 1733].

D’après cet acte, Mathias Ruxer exerçait le métier de tisserand (« Weber zu Hohatzenheim »).

C’est lui qui a donné son nom à la ferme : Hofname s’Ruxers.

 

Enfants:

Jean (ca1720) avec Gertruda Kapp de Gingsheim

Mathias (ca1725) avec Anna-Maria Diebold veuve de Michel Diebold (Ferme Muller-Kubins)

 

 

4e génération : Hanß FREUND (+ap1751)

 

Mathias Ruxer le vieux décède avant 1742 et sa femme Maria Jacob, la propriétaire, se remarie avec Hans Freund, tisseur de lin (« lienenweber ») peut-être frère cadet de Peter Freund (s’Schultze).

Hans Freund est mentionné dans un acte de 1742 comme voisin des Diebolt, habitant la ferme s’Ruxer.

Maria Jacob décès en 1751. Les deux heritiers sont les fils de son 1er mariage Hans (tisseur de lin) et Mathis Ruxer (célibataire). On trouve dans cet acte la description suivante de la ferme :

 

 

« dorf hohatzenheim gelegen, und haus und hoff sogelegen die einseit neben dem brand garthen anderseit neben Lorentz Barthel oben auf den brand garten und unten auf das allmend sambt Hauß, scheuer, trott und trotthauß, sambt allen vorhandenen zinnß und Lehen…. »

 

« Hauß und hoff item eine Behaußung, hoff, scheuer, stallung und Garthen beneben einem alten schopff und trott sambt übrigderen seither zu gehorden zeiht und gerechtigeheithen in dorff dahier gelegen einseith neben Lorentz Barthel, anderseit neben dem hoff bestandern Hannß selbsten, oben auf das stiff jungen St Peter in Strasburg, unten aufs allmend estimirt pro 350R

Thuet zu 2/3tel hier in auswurf 233R 3ß 4δ »

 

On note donc qu’en plus des éléments originels (maison, cour, grange, étable et jardin) il y a maintenant un « pressoir avec son local » dont il est précisé au 2e paragraphe que c’est une vieille grange. Ce pressoir témoigne donc d’un petit vignoble. Comme la maison du pressoir est délabrée en 1751, on peut penser que la famille cultivait la vigne depuis plusieurs décennies. Les premières mentions de pressoir dans les actes de Hohatzenheim datent du tout début du XVIIIe siècle. Les descriptions du XVIIe siècle n’en mentionnent aucun bien que le le terrier de 1659 mentionne des vignes. Il faudra donc quelques décennies après les guerres du XVIIe siècle pour remettre en état le vignoble local, culture intensive s’il en est qui demandait beaucoup de soin.On note également que la valeur de la ferme est passée à 350R.

 

 

5e Génération : Hanß RUXER (ca1720-1815)

 

Marié le 28 octobre 1748 avec Gertruda Kapp (ca1726-av1787) de Gingsheim (Kienheim ?).

Sur l’acte de 1751 il est dit tisseur de lin.

 

Enfants :

François (ca1750 -23 ventose XII [14 mars 1804]), journalier marié a Anna Maria Diebold

Brigitta (+1797)

Gertrude (ca1757 – 22/11/1837)

Barbara (ca1760) marié à Conrad Metzger de Mittelschaeffolsheim

 

Un acte de 1769 cite Hanß Ruxer comme voisin de Lorenz Barthel dans la ferme des s’Ruxers.

 

Gertrude Kapp, femme de Hans Ruxer décède avant la révolution. Puis la famille subit beaucoup de décès dans la fleur de l’âge :

Brigitte décède en 1797 vers 40 ans.

François décède en 1804. Sa femme peu après. La fille de François, Brigitte Ruxer décède le 24 novembre 1811à 19 ans dans la maison no1 (Schlieffers ?).

Finalement lorsque Hans Ruxer Décède à son tour le 12 mars 1815, il ne reste plus que sa fille Gertrude. Elle restera dans la maison et habitera chez le nouveau propriétaire.

Sur l’acte de décès de Hans Ruxer, il est dit avoir 99 ans ( !), être tisserand et habiter la maison 17.

 

 

6e Génération : Pierre HOENEN (1792-1852)

 

Pierre Hoenen est né le 16 avril 1792 dans la ferme s’Valdes, rue du village à Hohatzenheim. Il était le deuxième fils de Nicolas Hoenen « le vieux ». (cf Histoire s’Valdes)

1er mariage le 29 octobre 1816 à Hohatzenheim avec Anna-Maria Debes (+1819).

2e mariage le 13 juin 1819 à Hohatzenheim avec Salomé Runtz (née ca1796)

 

Enfants :

Pierre (ca 1821)

Joseph (ca1826)

Marie Anne (ca1828)

Thérèse (ca1833)

Barbe (ca1837)

 

Pierre Hoenen a fait son service militaire dans la Grande Armée (1811-1814). Après son service il se maria et s’établit dans la ferme s’Ruxers probablement mise en vente après les dèces de Hans Ruxer en 1815. C’est là qu’il passa le reste de sa vie. Il était sellier-journalier c'est-à-dire qu’il vécut le plus souvent de petits travaux payés à la journée.

 

Dans les actes d’état civils de cette époque sa maison porte les numéros suivants :

Maison n17 (1815-17), n29 (1822), n30 (1824), n29 (1826), n31 (1829).

Sur le plan d’assemblage de 1826 on peut distinguer deux bâtiments : à gauche la maison d'habitation et à droite un bâtiment annexe. On peut douter qu’à cette époque il y avait encore des animaux. L’étable aurait donc disparu.

 

 

Le recensement de 1836 indique qu’il habite dans la rue Laugel avec sa femme, ses enfants Joseph (10 ans), Marie-Anne (8 ans) et Thérèse (3 ans), avec Gertrude Ruxer, fileuse, « non parente de Pierre » et Barbe Barthel, fileuse, « non parente de Pierre logeant chez lui par charité. » Son fils ainé Pierre « le jeune » (15 ans) n’habite plus chez lui. Il est employé comme domestique à la ferme des Freund. Pierre a donc récupéré chez lui les dernières descendantes des s’Ruxers (Gertrude) et de la ferme voisine Diebold-Barthel (Barbe). Ces deux femmes travaillaient chez lui comme domestique.

 

Getrude Ruxer, journalière, fille légitime de Jean Ruxer et Gertrude Kapp décède le 21 novembre 1837 « dans sa maison paternelle où je [le maire J-G freund] me suis transporté pour m’assurer du décès de la dit défunte ». Ainsi disparaissait la dernière descendante de Nicolas Isch habitant encore s’Ruxers.

 

Le recensement de 1841 indique que Pierre Hoenen habite toujours dans la rue Laugel avec sa femme, ses enfants Joseph, Thérèse, Marie-Anne et Barbe ainsi que Barbe Barthel, « une domestique ».

 

Le recensement de 1851 indique que Pierre habite alors toujours rue Laugel avec sa femme, son fils Pierre « le jeune » (30 ans), sa femme Barbara, leur fille Salomé, et l’autre fils de Pierre « le vieux » Joseph (25 ans).

 

Pierre Hoenen décède à Hohatzenheim le 13 janvier 1852. Son décès est déclaré à la mairie par son fils Pierre le jeune et son frère Nicolas le jeune.

 

 

7e génération : Pierre HOENEN le jeune (ca1821-ap1866)

 

Marié vers 1847 avec Barbe Lang (ca1812) qui était probablement de Hohatzenheim. Les Lang habitaient dans la ferme s’Morze et à la fin des années 1820 un fils s’établit chez s’Baylers.

 

Enfants :

Marie-Anne (ca1849)

Salomé (ca1849)

Michel (+)

Florent (ca1854)

Armand (ca1856)

 

Après un passage comme domestique chez les Freund, Pierre revient à la maison paternelle où il habitera avec femme et enfants. Le recensement de 1851 indique qu’il habite dans la maison paternelle avec ses parents, son frère Joseph (25 ans) sa femme Barbe (39ans) et ses enfants Marie-Anne (2 ans) et Salomé (2 ans).

 

Au recensement suivant (1856) les parents sont morts et Pierre vit à la ferme avec sa famille et son frère Joseph 30 ans, maçon. Pierre est toujours journalier. Au recensement de 1861, Joseph n’est plus chez lui. Enfin au dernier recensement sous autorité française (1866), la famille se compose de quatre enfants (Marie-Anne 16 ans, Salomé16 ans, Florent 12 ans et Armand 10 ans) et de la tante de Barbe, Brigitte Lang, journalière de 68 ans.

 

 

8e génération : Georges FREUND (1847-ap1895)

 

Georg Freund est né à Hohatzenheim le 22 février 1847, fils de Nicolas Freund, cultivateur et de Marie Catherine Reinbold (ferme Schultze).

Marié le 3 décembre 1868 avec Maria-Anna Hoenen, née à Hohatzenheim le 1er juin 1849 sans profession. Elle est la fille aînée de Pierre Hoenen et l’héritière de la propriété s’Ruxers.

 

Enfants :

Nicolas (25 février 1870-

Marie (4 oct 1871-

Marie-Louise (3 juin 1873-

Maria-Catharina (24 novembre 1875 – décédée à Schaffouse 17 mars 1952)

Maria Thérésa (9 novembre 1877 -

Florent (30 août 1879-22 août 1880)

Lorentz (19 mai 1881-

 

Georg Freund est dit cultivateur à son mariage et également durant les années successives lors des naissances de ces enfants. A la ferme Schultze, c’est sa sœur aînée (mariée à un Schneider) qui a hérité de l’exploitation familiale mais Georges a du néanmoins hérité de sa part de terres ce qui lui permet de vivre de sa ferme c’est la première fois depuis la guerre de 30 ans que le propriétaire de la ferme Ruxers vit uniquement de l’exploitation agricole. Il est probable que Freund réintroduisit des animaux dans l’exploitation.

 

Sur un plan de 1895 réalisé par Marius Meyer, la ferme Ruxer est indiquée comme étant la propriété de George Freund.

Le plan de 1914 montre le détail des bâtiments. On y retrouve la maison d’habitation (rose) ainsi que le bâtiment annexe, qui par rapport au plan de 1828 s’est agrandi vers le nord. Il probable que Georges Freund construisit une étable à côté de la grange existante.

 

 

9e génération : [ Héritière Freund – mari Ambs ?]

 

 

 

[A compléter]

 

 

 

 

10e génération : Joseph AMBS (1897-ap1955)

 

Mariée vers 1925 avec Mathilde Muller (ferme Schtinis)

 

Enfants :

Marie Louise (1926)

Antoine (1927)

Alphonse (1933)

6 autres enfants

 

Joseph Ambs prend la suite de l’exploitation agricole de s’Ruxers durant l’entre deux guerres. La ferme fait alors partie des petites exploitations du village, ce qui est typique pour la rue Laugel qui a toujours été une rue d’artisans et de petites exploitations. Ambs exercera aussi la fonction d’employé communal.

 

Joseph Ambs restera dans l’histoire du village pour son rôle clé durant la deuxième guerre mondiale en faveur de fugitifs du régime nazi. En 1942, avec l’instituteur Meyer et les frères franciscains du couvent, il apporte son aide à 3 prisonniers français évadés de passage au village. Lorsque l’instituteur Meyer cherche à se soustraire au service militaire, Ambs va l’aider dans sa tentative de mutilation volontaire. Lorsqu’à partir de 1943, les franciscains hébergeront des déserteurs de la Wechmacht, Ambs assurera le ravitaillement du couvent. C’était le seul villageois au courant de la présence des clandestins. Il sera également actif durant toute l’occupation dans l’abattage clandestin d’animaux pour fournir les villageois et autres connaissances en viande fraiche. A la libération, l’instituteur Meyer le recommandera pour une médaille de reconnaissance de la nation.

 

Extrait des mémoires de Marius Meyer :

« En aucun cas je ne voulais être transféré sur le front russe. Et lors d’une permission j’en parlais au Dr. Hanss de Brumath. Il me conseilla la fracture de la clavicule pour me faire accueillir à l’hôpital militaire de Stephansfeld dont il connaissait le médecin chef. Il était chez nous à l’école de Hohatzenheim lorsque M. Joseph Ambs, qui procédait dans le village aux abattages dans la clandestinité de toutes les catégories, essayait de me gratifier de la fracture en frappant avec un « windholz », utilisé lors de la moisson. J’étais blessé par les coups mais sans fracture. Pour version officielle on était d’accord que j’étais tombé d’un mirabellier. Je me rendais donc le bras en écharpe, plein de confiance à Stephansfeld.»

 

Après avoir tapé sur l’épaule de Meyer sans parvenir à casser la clavicule, Ambs se serait écrié (en alsacien): « je ne comprends pas ! Avec ce que j’ai tapé il y avait de quoi assommer un boeuf ! »

 

Le fils de Joseph Ambs, Antoine m’a raconté qu’à l’automne 1944 il savait que son père ravitaillait des clandestins car il avait aperçu un jour l’instituteur Meyer caché au couvent mais il n’avait pas eu le courage de le dire à son père par peur des représailles paternelles. Lorsque les Américains libérèrent le village le 24 novembre 1944, Antoine (17 ans) venait de recevoir son ordre d’incorporation dans la Wechmacht. Il l’avait échappé belle et au lieu de se frotter aux chars russes quelque part en Europe de l’est, il ferait la fête dans les soirées arrosées organisées par les américains (notamment à la ferme s’Blase).

 

A la libération, l’instituteur Meyer et le maire Schneider proposèrent Joseph Ambs pour une décoration :

 

Candidature à la Médaille de la reconnaissance française (médaille d’argent 2e classe) au cultivateur Ambs Joseph né le 11.2.1896 à Hohatzenheim

« le cultivateur Ambs Joseph, père d’une famille nombreuse de 8 enfants a montré durant l’occupation un dévouement et une persévérance à la cause française qui méritent bien d’être officiellement récompensés.

En dépit du danger pour lui et sa famille il a favorisé et aidé trois désertions (l’une en 1943, les deux autres en 1944). Il a cherché personnellement le déserteur Moebs à la gare de Mommenheim en dépit du poste de police. En outre, il assura régulièrement le ravitaillement des déserteurs et aida à la construction des lieux de cachette. En plus, il aida Meyer Marius, par la suite déserteur, à se soustraire à son obligation dans la Wehrmacht avec sa mutilation volontaire en lui fracturant la clavicule gauche. 

Le maire : Schneider »

 

 

Après la guerre, Joseph continua à travailler à son exploitation. Un état de 1955 indique qu’il avait alors un peu plus de 5 ha ce qui le plaçait parmi les petites fermes du village. Les plus grandes exploitations s’équipaient alors progressivement d’un tracteur (4 en 1955).  Pour les petites fermes, il devenait difficile de suivre la mécanisation et la rationalisation des moyens de production. A ma connaissance, s’Ruxers n’eut jamais de tracteur. Au fil des années l’exploitation périclita comme les autres exploitations dans son cas pour finalement cesser totalement. A la mort de Joseph, son fils Alphonse avait reprit la ferme.


Ruxer

Ferme s'Ruxers






Ruxer 1828

Ferme s'Ruxer sur le plan de 1828
A gauche la maison d'habitation
A droite la grange










Ruxer 1900


s'Ruxer sur le plan de 1942
On voit que le batiment a droite s'est agrandi vers le nord