s’Rühle


1 rue des roses


 

 

La famille Weinling est présente à Pfettisheim depuis au moins le XVe siècle sous le patronyme de Winlin. D’après nos recherches, Au XVIe siècle, les Winlin de Pfettisheim appartiennent à deux branches distinctes. La branche aînée qui aurait occupé la ferme domaniale de s’Jungclause puis la ferme s’Schultze et la branche cadette qui aurait habité d’abord dans la ferme Heimburger puis dans la ferme s’Ruehle.[1] Un acte de 1543 suggère l’implantation de la branche cadette dans la ferme Heimburger. Il s’agit d’un douaire mis en place par Sebastien Winlin (Sébastien II dans notre nomenclature) au profit de sa femme où est décrite sa ferme : [2]

 

« Premièrement une cour avec maison, sol, étable et jardin dans le village appelé Pfettisheim en haut du village, sise entre les biens de Wilmans Hans et Bartholomé de Durrenbach, derrière sur le fossé du village et devant sur la route. »

 

La propriété Heimburger serait ensuite passée à son Fils Sébastien III, schultheiß dans les années 1572-1581. Il semble que Sébastien III n’ait pas eu de descendance. Dès 1585, Andrès Weinling est le schultheiss du village. Nous supposons qu’il était le frère de Sébastien III et qu’à la mort de son frère il aurait hérité de ses biens notamment la ferme Heimburger et le fermage principal de Saint-Nicolas. Toujours dans cette hypothèse Andrès se serait installé dans la ferme s’Ruele qu’il aurait transmis à son fils Sébastien V, le premier occupant de cette ferme identifié assurément.

 

Cette généalogie est suggérée par plusieurs indices :

- Sébastien V nomme son fils aîné Andrès, un prénom rare chez les Weinling.

- Andrès II ira s’installer dans la ferme Heimburger, probablement vers 1615.

- Les héritiers de s’Ruele tiennent le fermage de Saint-Nicolas, comme Sébastien I et Sébastien II.

- La chronologie d’Andrès Weinling correspond exactement à la génération avant Sébastien V.

- Un document de 1587 montre qu’il y avait alors deux Weinling propriétaires de terres au village : Andrès Weinling (héritier de la branche cadette) et Bastien Weinling (Bastien IV, héritier de la branche aînée)

 

 

Andrès Weinling (ca1535-ap1587)

 

Enfant présumé:

Sébastien (ca1560-1626)

 

D’après les registres de la chambre des contrats, Andrès Weinling est Schultheiss de Pfettisheim au moins de 1585 à 1587. Il se serait installé dans la propriété s’Ruele après son mariage c’est-à-dire vers 1560.

 

Andres Weinlin est mentionné dans un document de 1581[3] qui donne l’inventaire des parcelles du fermage des héritier d’Anton Wendling géré par Sebastien Weinlin III et Jacob Rott. Dans un document de 1583[4] qui donne la liste des fermiers de Pfettisheim avec leur fermages, Bastien III, décédé n’apparait plus. Andrès y apparait mais n’est pas encore désigné Schultheiss. C’est à présent lui qui tient le fermage des Wendlings ainsi que les autres fermages de la branche Weinling cadette. La liste de ces fermages est la suivante :

 

25 viertel saint Nicolas aux ondes

18 viertel Hans Jacob Wurmser, Schultz zu Zabern

6 viertel Anthon Wendling Erben zu Strasburg

4 viertel Junker Bansratzen zu Qwatzenheim

9 viertel Zwinger von Strasburg in denn Bruderhoff

5 viertel Zwinger dem Stumpffen zu Rymerylerheim

1 viertel Zwinger von Strasburg zu dem alten Sant Petter.

4 sester Zenger von Strasburg in dem Neuweillerhoff

1 viertel bott weyssenn

 

Un autre document de la même liasse[5] datant sans doute de ca1585 donne à nouveau la liste des fermiers du village mais seulement avec les fermages les plus importants. Andres Weinling est cette fois mentionné comme Schultheiss.

 

Durant l’été 1587, en pleine guerre des religions, l’armée protestante du duc de Bouillon prend Phalsbourg et rentre en Alsace dévastant un grand nombre de villages catholiques dont ceux du Kochersberg. Un état des dégâts est dressé pour chacun des villages touchés. On y apprend que le Schultheiss Andrès Weinlin a perdu les récoltes de 12 acres de terres dont 2 de froment, 4 de seigle et 6 d’orge. Le total des pertes est estimé à 37 florins. Des comparaisons entre ce document et le terrier de 1660 nous permette d’estimer les destructions à environ 80 à 90% du ban ce qui suggère qu’Andrès Weinling possédait une quinzaine d’acres en propre.

 

Andrès Weinling dut décéder quelques années plus tard. En tout cas en 1609, c’est Bastien Weinling IV (de la branche aînée) qui est Schultheiss du village.

 

 

 

 

1ere génération : Sebastian Weinling V dit « le vieux » (ca1565-1626)

 

Ce Sébastien est sans doute le fils d’André Weinling car il hérite de ses fermages et nomme son premier fils André.

 

Sebastien Weinling de s’Rühle se marie une première fois vers 1590. (D’après son inventaire. Nom de la mariée pas mentionné)

 

Enfant:

Andres (ca1590-av1626) ; André se marie vers 1615 et a trois enfants : Barbel (1617), Antel (1618), Hanßel (1623). André habitait la ferme Heimburger entre Fix (14 rue principale) et Alfred Schneider (16 rue principale).

 

Sébastien se marie une deuxième fois vers 1610 avec Sophie Blaess de la Wantzenau.

 

Enfants :

Hans (1613); se marie avec Brigitte Weinling (s’Schmitts) et rachète la ferme Hilk (s’Lenze)

Anna (1615)

Rudolph (1617); hérite de s’Ruele et lui donne son nom.

Catherine (1619)

Ada (1622)

Bastian (1620)

Barbel (1625); se marie avec Claus Hamm de Nieffern

 

Bastien V est le premier propriétaire de s’Ruehle connu assurément. Sur le poteau cormier de la maison d’habitation actuelle, on discerne une date (1586 ou 1596) ainsi que les initiales BW. Ce serait à priori la date de construction de la maison avec son constructeur : Bastien Weinling. Il aura dû la construire aux alentours de son mariage avec l’aide de son père. Lors de son inventaire en 1626, la maison est qualifiée de « neuve ».

 

L’académie de Strasbourg a fait l’étude de cette maison et en donne la description suivante :« le logis est entièrement en pan de bois et repose sur un solin maçonné. L'accès au rez-de-chaussée surélevé est assuré par un perron à deux volées opposées. À l’étage court une grande coursière sur le long-pan, qui repose sur quatre poteaux dont le premier a été remplacé par un pilier en pierre. La coursière est formée d’une balustrade à balustres tournés. Le colombage est très simple et les solives de l’étage sont doublées, donnant à la fois sur le long pan et sur le pignon. »[6]

 

 

 

Sébastien apparait sur plusieurs documents de 1624 sous le nom de Sébastien le vieux en opposition à Sebastien Weinling le schultheiss (s’Schulzte) et Sebastien Weinling le jeune (s’Schmidt). Il décède en 1626.

 

Quotation de l’inventaire de 1626 concernant les héritiers:

 

“Wittib namens Sophia mit beylandt Sebastian Weinling daß jungen burger zu Pfezheim ihr der wittiben Reden und theil Mog an einem dan daß verstorbenen in ersten Eheerziebeten kündt [kind] namenß Andreß so auch gestorben und drey kunder hinderlaßen Namenß Barbel uf neun Jahren, artel uf acht jahr und Hanßel uf drey jahr alt mit beystandt Veltin Daum uberkind Diebolts Veltin burger zu Truchtersheim als zungt den sein verstorbenen mit jez genelinn Sophia erziebtter sieben kinder Namenß Hanß uff dreizehn, annal uff 11 jahr, Rudolph neun, Cäthel süben, Adal vier, Bashel zwei und Barbel uf drei viertel jahr alt, mit beystandt Diebold Küffer, Claus Daum beede vogt am ander theil.”

 

«La veuve nommée Sophia avec le curateur Sebastian Weinling le jeune bourgeois de Pfettisheim … et une partie attribuée à un enfant nommé André que le défunt a eu d’un premier mariage, lui-même aussi décédé et qui a laissé trois enfants nommés Barbel 9 ans, Artel 8 ans et Hanßel trois ans avec le curateur Veltin Daum pour les enfants et Diebolts Veltin bougeois de Truchtersheim… les sept enfants de Sophia nommés Hanß 13 ans, Annal 11 ans, Rudolph neuf ans, Cäthel sept ans, Adal quatre ans, Bashel deux ans et Barbel ¾ d’une année, avec les curateur Diebold Küffer et Claus Daum, les deux représentants l’autre partie. »

 

Inventaire – Description de la Ferme:

 “Volgt Neü Hauß hoff, scheuer, Stall, sambt allem so das zu geben würd [ ]

 Item Hauß, hoff, scheuer, stall, sambt ihrem begriff steht und gerechtigkeit zum dorf Pfettisheim gelegen, zum beeden seiten und vornen auffs allmendt hinden auff Sebastian Weinlings dem schultheißen

Jtl sechß Pferdt mit ihren Sihlen [ Seilen], zwey fillen [Fohlen], zwo Kühe, zwey Kalber, vierzehn Sauer klein und groß, vier Gänß, zwanzig u. vier hiener [henne, huhn], zwehn hänn [Hahn], zwehn wagen, zwehn Pflügs mit ihren zur gehördten vier wagen [vierspanner, wohnwagen], zwo aster wagen, zwo zweiten stangen, zwey holscheidt, zwehn guetten wein bäum, zwey pahr wagen Reütten, zwo kettenn, zwen Knopffen, zwo Greisen, zwo eisene Gabel, zwo Mehen, ein Axtz, ein biehel, ein Pflugsscharr, ein barre, ein handtsegs, zwo wannen, drey pflegel [flegel], ein sester, ein knutter, ein Mist behr, ein wohlbloch, ein hölzene egg, sechs engen Müst

 Item ein fuetter stroh, zehn schuebnutt, zehn Langs and archt harh.

 Item 400 weißen bosen [bolzen], zwey hundert wellen, wo ein gutter engen haum.

 Item drei Liger auff dem Stall

 Item ein sattel, zwey Reitt kuschen, ein dischel ketten zwo halfen, sechs, Lidern Seihen.”

 

« Ci-devant une nouvelle maison, cour de ferme, grange, étable, incluant tout ce qui est indiqué [ ]

 Idem une maison, cour de ferme, grange, étable appartenant en toute légalité au village de Pfettisheim, les deux côtés et le devant donnant sur le communal et derrière sur Sebastien Weinlings le prévôt.

 Idem six chevaux avec leur corde, deux poulains, deux vaches, deux veaux, 14 truies petites et grosses, quatre oies, 24 poules, deux coqs, deux chariots, deux charrues avec leurs harnais à quatre chevaux, deux voitures de branches, deux paires de gaules, deux bûches, deux bons pieds de vigne, deux paires de roues de chariot, deux chaînes, deux boutons de fermeture, deux (Greisen ?), deux fourches en fer, deux faux, une hache, une hachette, un soc de charrue, une barre, …, 2 bassines, trois fléaux, …., une rouleau dameur, un œuf de bois [ pour remailler les bas], …

Idem 400 boulons blancs [cad en acier],…

 Idem 3 lits au dessus de l’étable [pour les valets]

 Idem une selle, … une tablette de chaînes en deux moitiés, 6 cordes de cuir.

 

L’inventaire contient d’autres biens comme par exemple des rentes à hauteur d’une cinquantaine de livres par héritier et de l’argent comptant (« Barschaft »). Les sept héritiers du second mariage ont ainsi à se partager 23lb 18ß 4δ soit 3lb 8ß 4δ par héritier en pièces de diverses devises. Ci-dessous l’inventaire des pièces pour les trois ainés (les autres ont sensiblement la même composition) :

 

Hanßen :

 Guetter Münz 2lb 10ß

 Drei Strasburger dickhen [Dickpfenning] 12ß

Licht Münz 6ß 4δ

 

Anna:

 Hand Münz guett gelt 2lb 10ß

 Drei leichten Strasburger dickhen 12ß

 Bester Münz 6ß 4δ

 

Ruedschen :

 Doppel duxer 2lb 10ß [double écu de France ? Mais celui-ci vaut en principe 1.4 lb]

 Drey alten dickhen 12ß

 Böß münz 6ß 4δ

 

 

Après le décès de son mari, Sophie Blaess se remarie avec Sébastien Dossmann fils de Veltin (Fix) qui décède en 1628 sans enfant. Elle se remarie une troisième fois le 30.1.1629 avec Louis Wolff originaire de Niederhausbergen. Ils ont un enfant, Brigitte qui se marie avec Wolf Klein aubergiste (s’Kuhne).

Sophie Blaess est veuve de Louis Wolff le 18.3.1649.

 

 

2e génération : Rudolf Weinling dit « Ruhlmann » (ca1617-1682)

 

Se marie vers 1640-45 avec Eva Dossmann

 

Enfants :

Catherine (ca1645) ; mariée le 28.6.1671 à Clauss Dossmann (s’Antonie)

Barbe ; mariée à Michel Okland de Kleinfrankenheim

Jean ; célibataire

Anna ; mariée à Jean Meyer de Vendenheim

André (ca 1650); marié le 16.5.1688 à Madeleine Schueuh

Sébastien; hérite de la ferme

 

Inventaire du 18.8.1682 :

Ruhlmann décède le 27.9.1659.

Eva Dossmann décède le 30.8.1664

 

C’est lui qui donne son nom à la ferme, s’Ruehle. Sur le terrier de 1660, ses bien sont notés comme étant la possession de sa veuve. Il a alors 25 parcelles en propre plus 179 parcelles en fermage. Il fait donc partie des plus grands exploitants du village avec les Dossman (s’Alteschultze et les Weinling de la branche ainée).

 

 

3e génération : Sébastien XI Weinling (ca1660-1711)

 

Se marie en 1682 avec Brigitte Weinling (1664-1731), fille de Sebastien et Catherine Braun (Dinsebüre)

 

Inventaire du 12.11.1711 mort du père.

Inventaire du 10.3.1732 mort de la mère 12.11.1731

 

Enfants :

Eve (ca1685); mariée à André Weinling

Sébastien (10-6-1685)

Barbara (11-4-1688)

Laurent (8-8-1690); Héritier de la ferme.

Brigitte (18-6-1693); mariée avec Marcel Debes de Mittelschaeffolsheim

Maria (10-9-1696); mariée avec Laurent Michel d’Offenheim.

Rodolphe (27-3-1701); cavalier dans la marée chaussée.

Catherine (15-1-1705); mariée à Claus Grasser de Rumersheim.

 

 

4e génération : Laurent Weinling (1690-1753)

 

Né le 8 août 1690. Laurent se marie le 18 février 1718 avec Catherine Debes (contrat de mariage du 1.2.1718).

 

Enfants :

Odile (ca1728) mariée à Joseph Deiss teinturier à Haguenau.

Catherine (ca1730) mariée à Jean Wurm de Pfulgriesheim plus tard à Stützheim.

Maria (ca1730) mariée à Antoine Weinling tenant de la ferme.

Antoine (ca1730) ; héritier de la ferme.

Sebastien (ca1731) célibataire 23 ans, ne figure plus en 1767.

Eve (ca1738) mariée à Matthieu Grass veuf de Marie Reiffstech de Donnenheim.

 

Laurent meurt le 30 août 1753. Catherine Debes meurt le 17 juillet 1767.

 

 

5e génération : Antoine Weinling (ca1730-1753)

 

Antoine se marie le 17.2.1753 avec Catherine Gyss, fille de Nicolas et Anna Walck de Kleinfrankenheim.

Il meurt le 21.3.1753, 32 jours après le mariage. Arrangement devant notaire entre le beau père et la mariée qui se marira le 28.10.1753 avec Antoine Kieffer (s’Morzeffel).

Le 28 août 1753, Maria la sœur d’Antoine se marie à Antoine Weinling, fils de Bastian et Barbe Ulrich (s’Dinsebüre).

Inventaire du 26.2.1766

 

Enfants :

Sebastien (10 ans)

Antoine (7 ans)

Laurent (5 ans)

André (1 an)

 

Marie Weinling, veuve de Antoine Weinling se marie le 2.3.1767 à Jean Grasser de Scherlenheim.

 

Fin des Weinling dans la ferme.

 



[1] Bertrand Jost « Les Weinling de Pfettisheim du XIVe au XVIe siècle » in www.bertrandjost.com

[2] AMS KS49, fo 77.

[3] D180

[4] ABRG1042

[5] ABR G1042

[6] Marie-Georges Brun « La Maison du Kochersberg » Base numérique du patrimoine d’Alsace. Académie de Strasbourg.

http://www.crdp-strasbourg.fr/data/albums/maison_kochersberg/index.php?img=15&parent=32

Nous remercions Mr. Kuhn maire honoraire de Pfettisheim pour sa fiche sur la ferme s’Ruehle et Mr. Stéphane Fousse pour sa contribution à nos recherches.


 


Ferme s'Ruele


Il ne reste de la Ferme d'origine que la maison et une petite remise. A droite une maison moderne ferme la cour






s'Ruele

s'Ruele - 1 rue des Roses












Inventaire Sebastien Weinling

1ere page de l'inventaire de Sebastien Weinling
1626













Ruele en 1826

s'Ruele en 1826




















Ruehle poteau cormier

Poteau cormier avec la date incertaine de 1586 ou 1596
et les initiales B.W.


















Ruele aujourd'hui

s'Ruele aujourd'hui










s'Ruele

La ferme s'Ruele entre la rue de la citadelle (gauche) et la rue des roses (droite)











s'ruele

vue de la cour de ferme aujoud'hui